dimanche 3 janvier 2016

Notre corps, notre prise TERRE !

Quand on entre dans une pratique corporelle régulière, l'un des grands bénéfices est l'ancrage au présent.
Il y a bien sur beaucoup d'autres bénéfices, mais celui-là répond à un besoin considérable dans nos pays technologiquement avancés, où tout va de plus en plus vite, où tout est de plus en plus virtuel, où nous vivons la plupart du temps projetés vers demain, avec une tête devenue elle-même une antenne qui reçoit 24h/24 des milliers d'infos à la minute !
Ca ne vous est jamais arrivé de vouloir stopper cette machine infernale, éteindre le téléphone, chasser les pensées, sortir au grand air... mais d'avoir la désagréable impression que quoi que vous fassiez le speed vous rattrape ?

Eh bien entrer dans notre corps  par une pratique perceptive bien menée (quelle qu'elle soit. Gym-douce, Yoga, mouvement sensoriel, feldenkrais, qigong, danse de l'être etc...) c'est un peu comme se brancher enfin sur une prise TERRE ! L'effet est immédiat. A tel point que dans les cours certains s'endorment, emportés par cet effet de lâcher-prise, pris par surprise. ILs sont gênés en se réveillant, étonnés, "ce n'est pas mon habitude de m'endormir comme ça..." . Je les rassure, ils sont venus à la séance pour prendre soin d'eux alors leur corps prend les choses en main ! le besoin premier est le repos ? alors au premier lâcher-prise c'est le sommeil qui nous embarque ! 
Je leur dit aussi que c'est un enseignement à entendre, qu'il faut en tirer des leçons pour mieux équilibrer le rapport activité/repos dans la vie quotidienne. Si ce manque de sommeil perdure les séances ne serviront alors que de soupape de sécurité.
  Si on n'est pas emporté par le sommeil,  en pénétrant cet espace de lâcher-prise nous allons pouvoir bénéficier d'états hautement ressourçant, réparateurs, unifiant, ré-harmonisant.  Ce serait dommage de ne jamais pouvoir y goûter parce qu'on s'arrête toujours sur le seuil !

 Notre corps possède une remarquable intelligence, une intelligence pragmatique.
Durant ce temps que nous nous accordons, il s'occupera d'abord  de rééquilibrer les besoins les plus vitaux. Donc ça, ce sera différent pour chacun d'entre nous. C'est aussi pour cela que la pratique régulière est nécessaire. Le monde organique, perceptif, énergétique, hormonal, vibratoire  du corps, est un monde d'un autre rythme. C'est dans la lenteur et dans la répétition de la pratique que les processus mis en oeuvre par le corps vont pouvoir suivrent leur cours.

Hélas, cet aspect terre-à-terre du corps peut être pour certains(es) assez peu séduisant, voire rebutant. Je le constate souvent.  En tant qu'enseignante, je suis à une place privilégiée qui me permet d'observer.
Eh oui. C'est vrai qu'avant de livrer ses voies les plus subtiles, le corps va d'abord nous faire redescendre bien en terre. Matière. Materia Prima.
L'effet prise de TERRE peut être inconfortable parce qu'il annule l'identification aux émotions et parce qu'on perd une certaine forme de contrôle de soi.
On peut avoir soudain la sensation d'un très grand vide.
Il faudrait pouvoir passer ce cap. En considérant ce vide d'un autre point de vue : c'est le vide nécessaire, un passage obligé pour remettre nos pendules intérieurs à l'heure, un accordage, peut-être pas très joli à entendre pour le moment mais qui va bientôt nous ouvrir à la vacuité, cet état de profonde disponibilité intérieure.

Donc l'effet prise de TERRE :
- nous permet de lâcher-prise face aux pensées et aux émotions
- permet une régulation du métabolisme, avec priorité à ce qui est vital dans l'instant.
- Fait de la place, le ménage par le vide
Et j'ai envie d'ajouter :
- nous rend humble.

C'est vrai. Ca rend humble de revenir à son corps !
Humble comme peut l'être l'animal.
Et l'humilité on en a tous besoin, nous, les humains.

Dans le corps on peut pas se mentir. C'est comme c'est.
Pour trouver le chemin du corps, pas possible d'y aller en force : il se ferme, se verrouille. Pour y entrer il faut abdiquer de pas mal de choses, entre autre du volontarisme mental. 
Il faut s'intéresser à lui vraiment, sincèrement. Et pour cela on est amené à s'observer, de l'intérieur, à découvrir cette Terre du dedans de nous,  microcosme du monde plus vaste qui est autour de nous.

Notre observation nous amène à voir bien des choses que nous n'avons pas toujours envie d'affronter : toutes nos déviances, nos délires égotiques, nos laxismes, nos duretés, nos lâchetés... se voient dans notre corps et menacent notre équilibre intérieur. Avec humilité, il nous faut alors nous remettre en cohérence.

C'est un beau chemin.

Si vous n'avez pas encore trouvé une pratique corporelle régulière, je vous engage sincèrement à en essayer quelques unes et à adopter celle pour laquelle vous sentez une sensibilité qui vous parle, actuellement. Bien sur on change au cours d'une vie, nos pratiques changent aussi et quelle richesse en vieillissant d'avoir tous ces outils variés dans sa besace !

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