mardi 17 mai 2016

La médecine de la femme sauvage

La femme sauvage connaît ses cycles.
Elle vit, pense, voit et agit en cohérence avec les cycles de ses ovaires, les cycles de son utérus, de ses seins, de sa sexualité et les cycles de sa créativité. Sa médecine est Médecine de la Terre Sa médecine est Médecine séculaire, enracinée dans la mémoire du monde.

La femme sauvage voit le corps, lui qui est laissé pour compte, objectivé, stigmatisé. Elle le prend dans ses bras, après en avoir rassemblé tous les morceaux épars, elle le maintien tout contre elle, dans son giron, bien au contact de son ventre chaud et de son sexe palpitant, et le tambour de son coeur se met à battre, à battre pour lui, Corps endolori d’oubli, il continue de battre plus fort et devient un chant puissant, vibrant avec le coeur des plantes, des arbres et des rochers, à l’unisson du grand coeur de la Terre, vibrant au rythme de l’Univers. Telle la Loba -racontée par la grande poétesse Clarissa Pinkola Estès- la médecine de la femme sauvage agit en donnant de l’amour à ce qui parait le plus insignifiant. C’est ainsi qu’elle redonne vie.

Pour nous, qui ne sommes pas des Indiennes marchant nu-pieds à travers plaines et forets, travaillant accroupies par terre, vivant au rythme des saisons et du jour et de la nuit, pour nous, femmes modernes occidentales, ce sont nos corps qui ont le plus besoin d’attention et d’espace pour se retrouver. Se retrouver entiers, vibrants, reliés, pleinement acceptés. Os et sang, organes mous et sonores, matière et poids, digestion et élimination, transpiration, sécrétions, battements, glissements, mouvements, chaire, peau, cellules, croissance et vieillissement…Se retrouver dans leurs vraies dimensions, car nos corps sont nos temples, notre chaire est sacrée.

Nos corps de femmes « saignent » à intervalles réguliers, durant de nombreuses années. Nos corps de femmes «signent » avec leurs sangs. Sang rouge des changements de lunes, sang rouge des enfantements, sang blanc du lait qui nourrit l’enfant. Un jour, elle arrête de saigner, de le donner, elle le garde au-dedans d’elle pour faire pousser son propre pommier. Son corps change, "femme changeante", maintenant elle « signe » avec sa vision, large et profonde, elle devient guide, elle marche, elle est devant, elle est la Sage et l’Indomptée, Celle qui voit, Celle qui offre la pomme ! Une femme apprend avec et par son corps. Son corps EST sa médecine !

Chez les peuples premiers, c’est un fait reconnu, et c’est pourquoi les femmes ne passent
pas par bon nombres de rite d’initiation, à la différence des hommes. C’est son corps qui est initiateur, c’est son cycle qui est initiatique.
Dans son corps et par son corps elle apprend. Son corps lui indique ce qu’elle doit faire : comment bouger pour laisser le col s’ouvrir, comment respirer pour aider l’enfant à passer, où assouplir pour détendre son utérus qui saigne, comment inonder son coeur de la lumière de l’orgasme, là plutôt nourrir, ici plutôt faire circuler, là tonifier, alors que là apaiser…. Elle apprend par l’usage et l’expérience et dans l’acceptation de ne pas toujours comprendre. Elle sait aussi que dans les nombreux états modifiés de conscience que ses saignements lui procurent, que son ovulation induit, que ses bouffées de chaleurs intensifient, elle peut, en lâchant prise, s’ouvrir aux forces immanentes et en ressortir plus reliée encore à la Vie.

Coupées de nos corps, de nos sagesses instinctuelles et des transmissions entre femmes, nous sommes comme ces Indiennes à qui l’on a mis de force des souliers et qui disent qu’elles "ne peuvent plus rien voir avec les pieds bandés" ! Nous avons besoin de restaurer cette dimension de nos vies de femmes.

Nos stages sont nos humbles contributions sur ce beau chemin qui s’offre devant nous.

Marie Pénélope Pérès le 12/04/2016

Un stage "pratique de la médecine des femmes sauvages" aura lieu à Dignac (16000) du 1er au 5 aout 2016. infos : 13lunes.blogspot.fr

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